Le MR Bruxellois : « C’est Charles de Gaulle dans le Sud de Bruxelles et François Mitterrand dans le Nord-Ouest de Bruxelles »

Voici, à peu de chose près, ce qui ressort des discours importants des ténors des partis en séances plénières de ce vendredi 20/10/2023.

En effet, les discours en lien avec la discussion de la Déclaration Générale du Gouvernement ont fait mouche. Pour la petite histoire, il s’agit du discours du Ministre-Président, Rudi Vervoort qui, ce jeudi 19/10/2023 a résumé l’action politique, son action politique en région bruxelloise. Tout bonnement, une espèce de résumé des décisions majeures prises dans le cadre de l’année écoulée et des grandes lignes pour les pistes futures de cette dernière année du quinquennat régional 2019-2024.

La comparaison prise en apesanteur dans le titre de cette pige nous place d’emblée au cœur de cet exercice assez périlleux qui consiste à en gros faire le bilan du gouvernement bruxellois pour cette dernière année de législature régionale.

Cette joute verbale n’est évidemment pas de tout repos. Il faut convaincre non seulement une assemblée hétéroclite et partisane muée en une arène romaine mais aussi de potentiels électeurs à qui mieux mieux qui visionnent la séance sur une plateforme de diffusion très connue.

Le « praeco » Rachid Madrane appelle tour à tour chaque gladiateur doué d’un groupe politique à dérouler son « inventio ».

La précampagne oblige, tout quidam sera évidemment le centre d’intérêts habituel de certains partis et pour d’autres, le momentum d’une série d’originations d’idées aussi farfelues qu’incertaines dans le but de se dresser comme le « Don Juan » irrésistible.

A ce petit jeu, deux partis sortent du lot : le PS et le MR.

Ridoaune Chahid et David Leisterh ont abattu leurs cartes juchés sur le perchoir du parlement « lombardien ».

Attention, il ne s’agit évidemment pas de s’adresser aux parlementaires en « foefelen » des arguments balbutiés en hauteur et qui arriveront fatigués aux oreilles des destinataires. Mais plutôt de faire trembler son ou ses adversaires politiques et tirant de son jeu, les meilleures cartes qui feront tapis au poker du meilleur orateur.

David Leisterh (MR) ouvre le bal. Tout de suite, il opte pour le procédé littéraire de la « tirade ». Cette dernière sera articulée sur le fait qu’il reste 200 jours avant la fin de la législature. La « tirade des 200 jours » a, sans nul doute, un esprit sarcastique. En gros, son argumentaire relève qu’il reste 200 jours avant la fin de la législature et à moins de gros coups de massue réformateurs, il serait chimérique de croire à un changement durant cette législature courante.

Ses références à une entrepreneuse londonienne qui rebrousse chemin à la vue de la situation de la Gare du midi ne convainc que très peu.

Ridouane Chahid (PS) emboite le pas. Tantôt déclaratif, tantôt criblant, son argumentaire est parfois la cible de chahuts des tous petits bancs de la Nva. Chahid jette la première pierre adressée à Cieltje Van Achter : « Je me demande comment vous osez venir à cette tribune demander plus de sécurité alors que vous avez été les fossoyeurs, les désinvestisseurs de la police et la justice ». Van Achter conspue.

Pourtant, cette référence aux décisions prises par le gouvernement fédéral MR-NVA (2014-2019) est sans équivoque. Les coupes budgétaires dans la police et la justice en faveur de la région flamande sont bien l’œuvre de la fine équipe du MR-Nva.

Mais la Esmeralda flamande, loin d’être changée en statue de sel, se défend en interrompant Ridouane Chahid, et invoque le plan « Canal », la Fleur-de-Lys empoisonnée de son mentor Jan Jambon.

A l’endroit du MR, le jaurèsien Chahid sort aussi le glaive de l’étui : « Vous êtes le parti, qui avec la jambe droite, raconte une histoire dans le Sud de Bruxelles, et avec la jambe gauche, vous racontez une autre histoire dans le Nord-Ouest de Bruxelles. Et vos deux jambes ne vont pas dans la même direction et votre boussole n’arrête pas de s’affoler ! »

Ce cours d’anatomie discordant soulève le fameux double-discours de la droite MR qui voudrait « séduire » sur tous les tableaux. Donc, la manœuvre absconse du parti libéral nouveau serait de garder sa base électorale forte, à travers notamment les tweets « border line » de leur président Bouchez et d’harponner un maximum dans les quartiers populaires en courant dans le couloir de la diversité. Est-ce que cette schizophrénie d’apparence fera ses preuves en 2024 ?

Toute cette agitation d’un matin certes habituel de séance plénière est la prémisse d’une campagne électorale 2024-2029 qui s’annonce d’ores et déjà fracassante.

EO / La Manchette